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Nécessité de l’expérimentation animale et validité des résultats chez l’être humain

Les percées réalisées grâce à des médicaments et traitements innovants sont aussi le fruit d’expériences sur des animaux. Biologiquement parlant, l’être humain et l’animal ont de nombreux points communs, de sorte qu’il est possible d’extrapoler les résultats des expériences.

1. Introduction

Sur le long chemin qui mène à un médicament, la recherche pharmaceutique a recours à l’expérimentation animale à la phase préclinique. De nombreuses années s’écoulent en général déjà avant d’en arriver là. Le plus souvent, les chercheuses et chercheurs testent des centaines de milliers de substances pour en trouver une qui présente le potentiel de freiner ou influencer dans le bon sens l’évolution d’une maladie. Les premières expériences de cette expédition à la découverte de nouvelles substances actives se font dans des solutions et sur des cultures cellulaires. Les expériences sur animaux ne suivent que si certaines conditions sont remplies. L’expérimentation animale sert à déterminer comment la substance candidate est métabolisée dans l’organisme et si elle génère des effets néfastes. Ce n’est qu’une fois qu’une substance a passé avec succès toutes les expériences précliniques obligatoires, c’est-à-dire qu’elle s’est avérée efficace et inoffensive dans les cultures cellulaires et dans l’organisme animal, que l’on a le droit de la tester chez l’être humain dans le cadre d’essais cliniques. Pourquoi tant d’étapes préliminaires ?

2. Éthique et sécurité

Dans divers rapports et déclarations, la communauté internationale s’est donné des principes éthiques et juridiques pour la recherche sur l’être humain. C’est ainsi que la Déclaration d’Helsinki de l’Association Médicale Mondiale (1964) stipule que la recherche médicale doit protéger la santé et les intérêts des personnes impliquées dans la recherche. La Déclaration d’Helsinki a servi et continue à servir de base à de nombreuses lois nationales sur la recherche biomédicale. Les essais cliniques sur un petit nombre de personnes en bonne santé, puis sur des patient-e-s, ne sont donc de nos jours admissibles que si les risques ont pu être exclus ou réduits dans toute la mesure du possible.

Par conséquent, avant tout essai clinique d’une nouvelle substance active chez l’être humain, il faut avoir des connaissances suffisantes sur l’efficacité et la sécurité de cette substance. Pour le garantir, outre par exemple les cultures cellulaires et tissulaires, les simulations informatiques ou les «organes sur puce», autant de méthodes qui n’utilisent pas d’animaux mais réduisent ou parfois remplacent l’expérimentation animale, cette dernière reste malgré tout indispensable. Sous condition du meilleur respect possible du bien-être animal, l’expérimentation animale sert souvent aussi à repérer précocement un effet néfaste d’une nouvelle substance active. Les méthodes de substitution à l’expérimentation animale mentionnées font de nos jours partie de la recherche biomédicale au quotidien. Elles sont en particulier employées lorsqu’un système biologique est déjà bien étudié.

Structures et processus physiologiques identiques
Dans l’apparition, par exemple, du cancer, ce que l’on appelle l’apoptose, c’est-à-dire la mort cellulaire programmée, joue un rôle capital. En 2002, ce processus a aussi été découvert chez le nématode, un ver qui ne mesure qu’environ un millimètre.

3. Quand on manque de participants

En plus des principes éthiques fondamentaux, la recherche utilise aussi l’expérimentation animale parce que l’être humain n’est pas toujours idéal pour l’étude de questions biomédicales. En particulier lorsqu’il s’agit de maladies héréditaires, les organismes qui se reproduisent rapidement, comme par exemple le poisson zèbre ou la souris, sont mieux adaptés. On manque souvent du nombre nécessaire de participants humains pour la recherche sur les causes génétiques, physiologiques ou anatomiques de maladies rares. On a donc besoin de l’expérimentation animale pour comprendre la maladie et développer des substances actives contre celle-ci. Mais pourquoi les expériences sur animaux sont-elles une méthode adéquate ?

4. Parenté dans l’évolution

Tous les médicaments, tous les traitements et presque tous les dispositifs médicaux qui soulagent des maladies ou sont employés partout dans le monde pour guérir les patient-e-s ont été développés à l’aide d’expériences sur des animaux. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles l’expérimentation animale est nécessaire à l’étude de maladies et au développement de nouveaux médicaments et de traitements innovants. L’une de ces raisons se situe dans la nature même de la thématique, la biologie.

Sans travaux sur des organismes vivants, la recherche biologique fondamentale est impossible. C’est par exemple la recherche biologique fondamentale qui nous a permis de savoir comment les animaux survivent dans leur environnement naturel et de quoi ils ont besoin pour cela. La médecine et la pharmacie tirent aussi profit de ces connaissances, car ce qui rend malade l’animal est souvent néfaste aussi pour l’être humain.

5. Renseignements précieux sur les causes des maladies

En termes d’évolution, l’être humain et l’animal ont un lien de parenté. Ils ont des ancêtres communs et donc également, à des degrés divers, des points communs biologiques. Au cours de l’évolution, la nature a conservé beaucoup de processus. C’est pourquoi la recherche impliquant des animaux peut fournir de précieux indices sur les causes des maladies et l’effet des médicaments. Elle permet de tirer des conclusions sur les effets souhaités et révèle également environ 70% des effets indésirables.

6. On peut extrapoler les résultats

Pour pouvoir extrapoler les résultats d’une expérience sur animaux, le choix du modèle animal est décisif. Cela veut dire que l’animal doit avoir autant de similitudes des particularités biologiques et génétiques étudiées que possible avec l’être humain. Tel est le cas chez le poisson zèbre, la drosophile et les rongeurs, en particulier la souris. Le développement, la physiologie et le génome de la souris et de l’être humain se ressemblent beaucoup. Du point de vue génétique et physiologique, la souris est identique à l’être humain à environ 95%. C’est pourquoi elle est l’animal le plus souvent utilisé en phase de recherche préclinique. Les modèles murins permettent de comprendre la santé et la maladie chez l’être humain. Entretemps, il existe un grand nombre de modèles murins pour la recherche européenne et mondiale. Des modèles de maladie ont aussi été développés, classés selon le phénotype et archivés pour la recherche. Dans un modèle de maladie, on déclenche artificiellement la maladie chez l’animal de laboratoire. Les scientifiques observent que le processus de la maladie se déroule dans l’organisme de la souris en général de la même manière que si la maladie s’était déclarée spontanément. On peut donc tirer des conclusions quant à la situation chez l’être humain. Mais bien sûr, des différences subsistent. C’est pourquoi tout nouveau médicament, traitement ou méthode de traitement doit être testé sur au moins deux espèces animales (rongeurs et non-rongeurs) avant de pouvoir passer en phase clinique chez des volontaires humains.

7. L’expérimentation animale bénéficie aussi à la médecine vétérinaire

Les chiens, les chats et les rongeurs peuvent aussi être atteints de la cataracte, toutes les espèces animales sont sujettes au cancer de divers organes, l’épilepsie peut toucher le chien, le chat et le lapin, pour ne citer que quelques maladies que se partagent l’être humain et l’animal. Presque toutes les maladies que nous connaissons touchent aussi l’animal sous la même forme ou sous une forme similaire et se soignent aussi en principe de la même manière. La médecine humaine et la médecine vétérinaire ont de nombreux points communs, et nombre de médicaments vétérinaires contiennent les mêmes substances actives qu’en médecine humaine. Par conséquent, les expériences sur animaux sont également utiles à l’animal.

Expérimentation animale et vaccins contre le COVID-19
L’expérimentation animale a contribué de manière décisive à ce que les chercheuses et chercheurs comprennent le SARSCoV-2 proprement dit, les mécanismes de sa transmission ainsi que la sécurité et l’efficacité de tous les vaccins qui ont été produits jusqu’à présent, ce qui nous a fait faire un pas vers la fin de la pandémie de COVID-19.

8. De nombreux progrès grâce à l’expérimentation animale

Les expériences sur animaux ne sont autorisées que si elles sont indispensables pour élucider des questions encore sans réponse. Elles font partie de la recherche fondamentale et sont prescrites par la loi pour le développement de nouveaux médicaments (recherche préclinique). Leur but est non seulement de créer des applications concrètes, mais aussi de générer des connaissances qui entrent dans le développement de médicaments et traitements innovants. Autrement dit, les études et expériences impliquant des animaux contribuent à accroître nos connaissances sur la nature. Elles nous aident à mieux comprendre la genèse des maladies. La validité pour l’être humain des connaissances acquises dans les expériences sur animaux est suffisamment grande pour conclure à des principes de fonctionnement et des effets néfastes.Il est indiscutable que le travail sur des animaux de laboratoire apporte une contribution considérable au développement de nouvelles méthodes de traitement. C’est ainsi que grâce à la recherche et à l’expérimentation animale, on guérit aujourd’hui 80% des enfants atteints de leucémie. Le dernier exemple en date est la rapidité et le succès du développement de divers vaccins contre le COVID-19.

9. L’expérimentation animale réduit l’expérimentation animale

La recherche ne peut pas encore se passer de l’expérimentation animale. Certes, les méthodes utilisant des modèles informatiques et des cultures cellulaires sont déjà très perfectionnées et des technologies comme les «organes sur puce»permettent de reproduire des processus simples. Mais les méthodes disponibles ne permettent pas (encore) de reproduire les processus complexes de l’organisme. En effet, ce qui se passe dans une cellule est déjà si compliqué qu’un ordinateur ne peut pas le calculer. L’expérimentation animale reste donc pour le moment nécessaire, également pour l’améliorer et la remplacer de plus en plus souvent.