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Interview avec Dr. Jenny Sandström : 3RCC

Entretien avec Dr. Jenny Sandström (3RCC)

Pourquoi avez-vous accepté ce poste de direction et quels sont vos objectifs?

J’avais déjà travaillé quelques années à la direction de la recherche du Centre suisse de toxicologie humaine appliquée (SCAHT), et le poste vacant à la tête du 3RCC me semblait idéal. Le principe des 3R était un élément essentiel de ma carrière de chercheuse déjà dans les programmes de recherche que j’ai pu perfectionner avec le SCAHT. Ce qui m’intéresse dans le 3RCC, c’est d’avoir une influence sur le paysage suisse de la recherche. J’aimerais aboutir à des progrès qui renforcent la protection des animaux et améliorent la science. Le 3RCC a une organisation originale avec une structure interne de parties prenantes variées. Mes principaux objectifs personnels sont d’étendre les collaborations existantes et de trouver des solutions ayant un large impact.

Où en sont les progrès de la stratégie des 3R en Suisse?

La création du 3RCC était une étape importante pour mieux aborder les enjeux de la mise en œuvre des 3R en Suisse. La fondation Recherches 3R a financé par le passé de nombreux projets de recherche de haute qualité, mais il ne suffit pas de faire de la recherche, il est tout aussi important d’informer et de communiquer. L’encouragement national coordonné des 3R est complexe et a besoin de notre institution. Nous tirons des enseignements de ce que font des projets à l’étranger, par exemple le NC3Rs en Grande-Bretagne. Celui-ci a réussi à s’établir, mais il faut du temps et de l’engagement pour aboutir à des progrès. Vu les compétences, l’engagement et la passion de notre conseil exécutif, je suis sûre que nous pourrons atteindre beaucoup de choses! La recherche actuelle est totalement différente de ce qu’elle était en 1959, lorsque le principe des 3R a été formulé pour la première fois. Le 3RCC entend améliorer en Suisse l’accès des scientifiques aux tendances et développements scientifiques les plus récents.

Pourquoi les animaux sont-ils si importants pour la recherche médicale?

Malgré les énormes progrès des connaissances de la communauté scientifique mondiale, il faut rester modeste: nous savons aussi qu’il y a beaucoup de choses que nous ne connaissons pas. La question étudiée guide le choix du modèle le mieux adapté pour y répondre, mais tous les modèles de recherche ont leurs limites. Nous avons accompli des progrès technologiques énormes dans le domaine des modèles in vitro, mais certaines questions ont trop de facettes différentes pour pouvoir les élucider à l’aide de modèles exempts d’animaux. Actuellement, les systèmes artificiels ne peuvent pas reproduire de manière adéquate la complexité de l’organisme vivant. C’est bien parce que les expériences sur animaux sont aujourd’hui indispensables dans la recherche biomédicale que nous cherchons sans relâche des méthodes de substitution. C’est pourquoi nous encourageons le développement de nouvelles méthodes comme les organoïdes ou les technologies «Multi-Organ-on-a-Chip».

«Certaines questions ont trop de facettes différentes pour pouvoir les élucider à l’aide de modèles de recherche exempts d’animaux.»

Voulez-vous éliminer l’expérimentation animale?

Il faut nous concentrer sur le principe des 3R: remplacer partout où c’est possible, réduire le nombre d’animaux et alléger les contraintes. Les progrès technologiques vont continuer à étendre les possibilités de substitution. Nous voulons promouvoir l’encouragement des 3R pour améliorer le bien-être animal et la science en Suisse en changeant les mentalités, en assurant une bonne pratique des 3R et en créant des réseaux pour la science. Je veux m’engager pour une application stricte et étendue du principe des 3R. Une interdiction de l’expérimentation animale ne fait pas partie de cet agenda